Page:Paris - Légendes du Moyen-Âge.djvu/74

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avait empêché qu’on essayât même de poursuivre les ennemis ; plus tard, on n’admit pas que Dieu eût pu laisser le désastre de Roncevaux sans vengeance, et un poète, s’inspirant du miracle de Josué, feignit que le Tout-Puissant avait suspendu la marche du soleil, pour permettre à Charles de joindre et d’exterminer les Sarrasins fugitifs. Ce poète connaissait vaguement la géographie de l’Espagne : il fait marcher l’armée franque d’une traite jusqu’à l’Èbre, distant au moins de trois jours de marche. Le rédacteur du faux Turpin, qui avait, lui, du pays une connaissance personnelle, a corrigé la faute, assez peu heureusement, en racontant que Dieu arrêta le soleil pendant trois jours ! La surprise dont l’arrière-garde fut victime eut pour cause sans doute un certain manque de précautions : elle était restée trop éloignée du corps principal. Les poètes ont vu dans la surprise le résultat d’une trahison, et ils l’imputent à un très haut personnage franc, qu’ils appellent Ganelon. A vrai dire, on ne voit pas bien en quoi la trahison consiste : Ganelon, envoyé à l’émir de Saragosse et gagné par de riches présents (dans la Chanson, poussé aussi par sa haine contre Roland), lui conseille simplement de simuler la soumission et d’attaquer l’arrière-garde quand l’armée de Charles