Page:Parmentier - Manière de faire le pain de pommes de terre, 1779.djvu/14

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juſqu’à dire qu’ils poſſedent dans leur porte-feuille la vraie recette de ce pain, l’ont copiée depuis que cette queſtion eſt agitée dans un de mes ouvrages, déjà cité, ſans avoir eu le courage de la répéter. Ne ſemble-t-il pas qu’on veuille m’engager à attacher à mon expérience plus de prix que je n’en mets réellement, & me contraindre, pour la conſerver, d’employer un ton d’égoïſme éloigné de mon caractere ?

Je n’arracherai pas le voile ridicule dont les autres ont cherché à couvrir mon travail, puiſque tel eſt le ſort des nouveautés de tous les genres. II eſt vrai, qu’après l’éloge que j’ai fait du bled & des autres graminés, après avoir cherché à perfectionner l’art ſi utile de les réduire en farine, & de convertir la farine en pain, je ne devois point m’attendre qu’on me taxeroit de vouloir métamorphoſer les belles plaines de la Beauce en champs de pommes de terre, & ſubſtituer le pain de ces racines à celui du froment ; je ne devois point m’attendre encore que l’on me ſoupçonneroit un autre projet auſſi fou, celui de tranſformer tout en pain, moi qui n’ai ceſſé d’élever la voix contre les auteurs qui, atteints d’une ſemblable manie, propoſent journellement des mélanges monſtrueux, qui alterent & dénaturent à grands frais les bonnes qualités du