Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/130

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À Camille Lemonnier


Ta gloire évoque en moi ces navires houleux
Que de fiers conquérants aux gestes magnétiques
Poussaient dans l’infini des vierges Atlantiques
Vers les archipels d’or des lointains fabuleux.

Ils mettaient à la voile en ces soirs merveilleux
Où le ciel, enflammé de rougeurs prophétiques
Verse royalement ses richesses mystiques
Dans le cœur dilaté des marins orgueilleux.

Et les hommes du port, demeurés sur les grèves,
Regardaient s’enfoncer les mâts, comme des rêves,
Dans l’éblouissement de l’horizon vermeil ;

Et leurs cerveaux obscurs, à la fin de leur âge,
Se rappelaient encor le splendide mirage
De ces grands vaisseaux noirs entrés dans le soleil.