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Résignation


J’ai lutté contre moi, j ai crié, j’ai souffert,
Esseulé dans la nuit de mon âme blessée,
Et, ma vie en lambeaux, je sors de mon enfer,
Car j’ai trouvé l’enfer au fond de ma pensée.

Je comprends aujourd’hui que mon rêve était fou,
Que mon amour d’automne était presque une offense,
Et j’arrache à jamais de mon cœur, comme un clou,
Le tragique désir d’une impossible enfance.

Et je t’offre ces vers, ô mon glaive ! ô ma croix !
Semblables à des soirs de Noël, blancs et calmes,
Où plane vaguement, dans l’azur des cieux froids,
La palpitation souveraine des palmes ;

Ces vers d’un méconnu, ces vers d’un résigné,
Ces vers où ma douleur devient de la lumière,
Ces vers où ma tendresse a longuement saigné
Comme un soleil couchant dans l’or d’une verrière.