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Sonnet d’hiver


Pâquerettes de gel et fougères de givre,
Le blanc printemps d’hiver fleurit sur les carreaux,
Et, du haut des pignons, la gargouille et la guivre
Filent, en grimaçant, des baves de cristaux.

Semblables aux trous noirs des balles dans la cible,
Les freux, par vols épars, criblent un ciel d’étain ;
Et la neige, pareille au silence visible,
Tombe sur chaque bruit, qu’aussitôt elle éteint.
 
Puis, quand le soir s’ajoute à la paix mortuaire,
Là-bas, sous le brouillard, comme sous un suaire,
Les formes peu à peu vont se désagrégeant.

Et le soleil, alors, qui de l’horizon tombe,
Semble, pâle et fané, la couronne d’argent
Qu’une invisible main pose sur une tombe.