Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/16

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À la Nuit


Sur ta haute colonne, ô poète stylite,
Tu t’es enseveli tout vivant dans le ciel ;
Et, comme toi, plongeant au mystère éternel,
Là-haut, Sirius semble un cœur d’or qui palpite.

En ton subtil éther respirent seuls les forts ;
Et le soir, dans les airs comme obscurcis de cendre,
Tu sens un froid de tombe autour de toi s’épandre,
Et tu crois voir monter la poussière des morts.

En vain l’immensité te couvre de son ombre ;
Son silence te parle, et dans la voûte sombre,
Par les trous des soleils tu vois Dieu resplendir.

Tandis que, secouant les astres dans ses voiles,
La nuit, comme un pêcheur, émergeant du nadir,
Traîne ses noirs filets, tout écaillés d’étoiles.