Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/17

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La Nymphe


Dans la source, à midi, la Nymphe se dévoile ;
Sur l’eau court autour d’elle un frisson de soleil :
Sa blanche nudité dans le bassin vermeil
Luit comme un diamant serti dans une étoile.

Et, de son corps divin glissant à chaque ébat,
Gazes vertes des flots et dentelles d’écume,
Perles de rose argent, qu’un rayon vif allume,
Tout son clair vêtement d’onde à ses pieds s’abat.

La fleur du nénufar, comme une main de neige,
Des regards du Satyre, ô Nymphe, te protège :
Seul, de son baiser d’or t’atteint l’astre amoureux ;

Et le soir, quand sur lui s’étend l’ombre géante,
Tu vois sa bouche rouge, à l’horizon béante,
Verser sur ta blancheur tout son sang lumineux.