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Vers l’Oubli


Que de barques déjà, — car mon cœur est très vieux, —
S’ennuyant de la côte, au loin s’en sont allées !…
Que d’ailes, et si loin ! de la grève envolées !…
Ma vie est seule et triste ainsi qu’un soir d’adieux.

Oh ! Regarder parfois là-bas, d’où l’on arrive…
C’est si doux cette fuite et cet éloignement
Sans rames et sans rhythme, et porté seulement
Sur du temps et du rêve !… Oh ! vivre à la dérive !

Être pour l’oublier comme un beau soir d’été
Impassible et voilé. La vie : un clair de lune…
Et, puisque l’espérance au calme est importune,
Se souvenir très vaguement d’avoir été…