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Rouet de Vie


Mon âme tourne sans amour
Le rouet de l’an solitaire ;
La nuit efface chaque jour
Sans que je regarde la terre.

Mes yeux sont à jamais posés
Sur les mensonges dont j’abreuve
Ma soif des idéals baisers,
Et de mon cœur ma vie est veuve.

Ma vie est veuve d’ici-bas ;
Elle est veuve, et triste, sans doute ?
Je ne sais, n’ayant même pas
Remarqué son deuil sur ma route.

Je la devine sans la voir ;
Ce doit être une fille sombre,
Aimant l’automne, aimant le soir,
N’errant qu’aux étoiles dans l’ombre.