Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/196

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Car j’adore le soir douteux,
Et je cueille en passant, dans l’herbe,
Les regards des mensonges bleus,
Et la fleur du désir superbe ;

J’aime tout ce qui va finir,
Tout ce qui meurt, tout ce qui tombe,
Et j’entends dans le soir s’unir,
S’unir des ailes de colombe.

J’aime les choses de mon cœur,
Mes illusions sans mélanges ;
Là, dans un très ancien bonheur,
J’ai vu, je crois, mourir des anges.

Mon âme tourne avec amour
Le rouet des pâles mensonges,
La nuit s’efface dans le jour,
Sans me réveiller de mes songes.