Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/255

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Aspireraient d’un trait ta force et ton orgueil.
Reste vierge, et grandis dans l’attente et le deuil,
Et que la songerie éparse en tes yeux vagues
Soit pleine d’un lever de glaives et de dagues !
C’est toi qui raviras les rares toisons d’or
Qui seules, aujourd’hui, sont à ravir encor
Loin des pays conquis et des bornes atteintes.
Que nul être ne t’aime et n’entende tes plaintes
Les soirs où tu voudras reposer un instant
Ton front lourd de pensée et ton cœur haletant,
Sinon vous, seules fleurs de l’antique parterre,
Par qui l’âme éternelle et bonne de la terre
Prodigue au cœur humain ses consolations !
Ô sentes des taillis anciens où nous passions,
Sentant nous entourer l’amour vague des choses,
Gardez pour cet enfant, dans vos roses recloses,
Le triste et cher parfum du baiser des adieux,
Aimez-le comme moi, la femme, et l’aimez mieux,
Et qu’il garde à jamais au plus profond de l’âme
Le mépris du baiser et la peur de la femme ! »