Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/257

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Et je souffre et jouis en ta chair et ton âme,
Et tes moindres propos sont de longs traits de flamme
Qui ravivent en moi les blessures anciennes.

Ton front pâle et puissant et tes claires prunelles
Sont garants au chercheur d’extases éternelles,
Et j’ai peur du baiser de tes lèvres chrétiennes.


III


Dès que fleurit nos cœurs l’amour adolescent,
La même âme brûla dans notre jeune sang,
Et nous fumes deux lys embaumant à la fois.

Nous allâmes longtemps par un même chemin :
Je n’étais qu’un enfant qui vibrait dans ta main
Et nos yeux suppléaient au silence des voix ;

Puis ton âme grandit par delà les baisers,
Et me voilà pleurant de mes rêves brisés,
Plus enfant et plus doux encore qu’autrefois !


IV


Ton rêve coutumier a des élans funèbres
Vers le hautain passé des mystiques ténèbres
Et c’est un fier aiglon qui s’envole de l’aire !