Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Retro


Puisque me voilà seul dans le désert immense
Où rien ne fixe plus l’espoir des pèlerins,
Puisque je ne vois plus briller ton œil intense,
Ainsi qu’un clair fanal, aux horizons sereins,
 
Je vivrai de rêver à notre extase morte ;
La cloche des lointains fera frémir ma chair,
Et, pensif, dans les soirs, j’entr’ouvrirai ma porte
Pour écouter sonner les glas du passé cher.

Je saurai m’exiler en un rêve extatique
Plus subtil que l’odeur des encensoirs vermeils,
Et le cerveau hanté du passé magnétique,
Je me retournerai pour voir mes chers soleils.

Je les verrai sortir du silence et de l’ombre
— Comme ils plongent le soir au cœur des Océans —
Puis envahir le Ciel où gravitent sans nombre
Les planètes d’or pâle et les mondes géants.