Page:Parny - La guerre des dieux, poème en dix chants, 1808.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
145
CHANT VII.

Sur le chemin qui conduit au désert
Un jeune couple à ses yeux se présente.
« Fort bien ; dit-il ; la fortune me sert.
Belle Thaïs, votre ame est innocente ;
Mais l’innocence aime sans le savoir,
Et quatorze ans plaisent sans le vouloir.
Vous, Élinin, sensible autant que sage,
De vos seize ans on pourra faire usage.
Sur vos coursiers, où fuyez-vous tous deux ?
Votre naissance au trône vous appelle ;
Pour vous d’hymen on prépare les nœuds ;
Mais de Jésus la doctrine nouvelle
Vous a séduits, et vous fuyez pour elle ;
Car vos parens, fidèles à leurs dieux,
Dans tout chrétien punissent un rebelle.
Fuir est trop peu ; dans vos saintes ferveurs
Vous abjurez le monde et ses douceurs ;
Et vous voulez, miraculeux ermites,
Du grand Pacôme égaler les mérites.
C’est votre plan ; j’ai fait aussi le mien.
Un habit d’homme enveloppe vos charmes,
Jeune Thaïs, et je n’en dirai rien ;