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ACTE V.

 
Pour croire que iamais i’attente
Aux beau fil de tes iours, qui charment tant de cœurs :
Ta volonté m’eſt ſi connuë,
Que ie ſuis en ces lieux venuë,
Pour finir de tes maux les cruelles longueurs.

ENDYMION.

Ha ! Diane, ces maux ont trop de recompence.
De iouyr maintenant de ta douce preſence :
Obligeante Deeſſe, apres ce que ie voy,
Ie ne puis que douter ſi ie ſuis bien à moy.

DIANE.

Ouy, c’eſt moy qui te viens apprendre
Que ces peuples icy ſont vains,
Qu’ils n’ont rien parmy les humains ;

Le peuple s’euanoüyt peu à peu.
Puis qu’ainſi qu’ils m’ont veu deſcendre,

Mon abord commençoit à les faire fuir :
Songe donc par quels artifices,
Tu t’es veu parmy des ſupplices,
Qu’enfin deuant tes yeux tu vois eſuanoüïr.

ENDYMION.

Deeſſe, ce myſtere eſt trop inconceuable,
Et meſme ie me ſens pas trop ton redeuable ;
Sans t’oſer demander qui m’a mis en ces lieux,
Qui ſans ton ſeul abord m’eſtoit ſi perilleux :
Mais que diſie, Deeſſe, en mourant pour ta gloire,
I’eſtois plus ſatisfait qu’on ne ſçauroit le croire.
Car enfin tu le ſçais, ſi i’en ay murmuré,
Si ie voyois la mort d’vn courage aſſeuré ?

DIANE.

Ie ſçay quelles ſont tes penſées :
Ie connois tes vrays ſentimens :
Et c’eſt par des enchantemens,