Page:Pascal - Les lettres de Blaise Pascal, edition Beaufreton, Crès 1922.djvu/24

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tion qu’un espace est vide, se détruit soi-même et se contredit mais ce mot de vide, comme il ee prend communément, est un espace invisible tel qu’est l’air ainsi disons-nous d’une bourse, d’un tonneau, d’une cave, d’une chambre et autres semblables, que tout cela est vide quand il n’y a que l’air tellement que l’air, à cause qu’il est invisible, se prend pour espace vide mais d’autant qu’il est espace, nous concluons qu’il est corps, grand, petit, rond, carré, et ces différences qui ne s’attachent point au vide, pris pour une privation de tout corps, et par conséquent pour un néant dont Aristote parle, quand il dit Non entis non sunt différentiel. Votre deuxième objection[1] ne vous donnera pas grand’peine vous avouerez facilement que la nature, non pas en son total, mais en ses parties, souffre violence par le mouvement des unes qui surmontent la résistance des autres ; c’est de quoi Dieu se sert pour l’ornement et la variété du monde.

La troisième [2], que les expériences journalières

  1. « Que cette proposition, que la Nature abhorre le vide, et néanmoins l’admet, l’accuse d’impuissance, od implique contradiction. »
  2. « Qu’une matière imperceptible, inouïe et inconnue i tous les sens, remplit cet espace. »