Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/105

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toujours été adoré a subsisté sans interruption. Et ce qui est admirable, incomparable, et tout à fait divin, c’est que cette Religion qui a toujours duré a toujours été combattue. Mille fois elle a été à la veille d’une destruction universelle ; et toutes les fois qu’elle a été en cet état Dieu l’a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance. C’est ce qui est étonnant, et qu’elle se soit maintenue sans fléchir et plier sous la volonté des tyrans.

[§] Les États périraient si on ne faisait plier souvent les lois à la nécessité. Mais jamais la Religion n’a souffert cela, et n’en a usé. Aussi il faut ces accommodements, ou des miracles. Il n’est pas étrange qu’on se conserve en pliant, et ce n’est pas proprement se maintenir ; et encore périssent-ils enfin entièrement : il n’y en a point qui ait duré 1500 ans. Mais que cette Religion se soit toujours maintenue, et inflexible ; cela est divin.

[§] Ainsi le Messie a toujours été cru. La tradition d’Adam était en-