Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/262

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ou, s’il les découvre, il se glorifie de les connaître.

[§] L’orgueil nous tient d’une possession si naturelle au milieu de nos misères et de nos erreurs, que nous perdons même la vie avec joie, pourvu qu’on en parle.

[§] La vanité est si ancrée dans le cœur de l’homme, qu’un goujat, un marmiton, un crocheteur se vante, et veut avoir ses admirateurs. Et les Philosophes mêmes en veulent. Ceux qui écrivent contre la gloire, veulent avoir la gloire d’avoir bien écrit ; et ceux qui le lisent, veulent avoir la gloire de l’avoir lu ; et moi qui écris ceci, j’ai peut-être cette envie ; et peut être que ceux qui le liront l’auront aussi.

[§] Malgré la vue de toutes nos misères qui nous touchent, et qui nous tiennent à la gorge, nous avons un instinct que nous ne pouvons réprimer, qui nous élève.

[§] Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui