Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/336

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[§] Les défauts de Montaigne sont grands. Il est plein de mots sales et déshonnêtes. Cela ne vaut rien. Ses sentiments sur l’homicide volontaire, et sur la mort sont horribles. Il inspire une nonchalance du salut, sans crainte et sans repentir. Son livre n’étant point fait pour porter à la piété, il n’y était pas obligé ; mais on est toujours obligé de n’en pas détourner. Quoi qu’on puisse dire pour excuser ses sentiments trop libres sur plusieurs choses, on ne saurait excuser en aucune sorte ses sentiments tout païens sur la mort ; car il faut renoncer à toute piété, si on ne veut au moins mourir Chrétiennement : or il ne pense qu’à mourir lâchement et mollement par tout son livre.

[§] Ce qui nous trompe en comparant ce qui s’est passé autrefois dans l’Église à ce qui s’y voit maintenant, c’est qu’ordinairement on regarde Saint Athanase, Sainte Thérèse, et les autres Saints comme couronnés de gloire. Présentement