Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/351

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monde. Les autres le méprisent et en sont méprisés.

[§] Le peuple honore les personnes de grande naissance. Les demi habiles les méprisent, disant que la naissance n’est pas un avantage de la personne, mais du hasard. Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple, mais par une pensée plus relevée. Certains zélés qui n’ont pas grande connaissance les méprisent malgré cette considération qui les fait honorer par les habiles ; parce qu’ils en jugent par une nouvelle lumière que la piété leur donne. Mais les Chrétiens parfaits les honorent par une autre lumière supérieure. Ainsi se vont les opinions, succédant du pour au contre, selon qu’on a de lumière.

[§] L’âme aime la main ; et la main, si elle avait une volonté, devrait s’aimer de la même sorte que l’âme l’aime. Tout amour qui va au delà est injuste.

Qui adhæret Domino, unus spiritus est. On s’aime, parce qu’on est