Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/390

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la chose dans la vérité ; car puisqu’il est véritable que la mort du corps n’est que l’image de celle de l’âme, et que nous bâtissons sur ce principe, que nous avons sujet d’espérer du salut de ceux dont nous pleurons la mort ; il est certain que si nous ne pouvons arrêter le cours de notre tristesse et de notre déplaisir, nous en devons tirer ce profit, que puisque la mort du corps est si terrible, qu’elle nous cause de tels mouvements, celle de l’âme nous en devrait bien causer de plus inconsolables. Dieu a envoyé la première à ceux que nous regrettons : nous espérons qu’il a détourné la seconde : considérons donc la grandeur de nos biens dans la grandeur de nos maux, et que l’excès de notre douleur soit la mesure de celle de notre joie.

Il n’y a rien qui la puisse modérer sinon la crainte que leurs âmes ne languissent pour quelque temps dans les peines qui sont destinées à purger le reste des péchés de cette vie : et c’est pour fléchir la colère de Dieu sur eux que nous devons soigneusement nous employer.