Page:Pasteur - Œuvres complètes, tome 6.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’inoculation de la salive de l’enfant, puisque c’est là seulement que nous avons procédé de même.

M. COLIN : … Je ne veux pas me répéter, et je me borne à ce qui est relatif aux nouveaux organismes microscopiques que M. Pasteur nous donne comme la cause ou les agents générateurs de la rage.

M. PASTEUR : J’ai dit le contraire, ou plutôt je ne savais rien des relations que la maladie que j’ai étudiée peut avoir avec la rage.

M. COLIN : … Puisque M. Pasteur est si rigoureux dans ses expériences, il aurait dû s’assurer par des expériences en contre-épreuve que les mucosités prises dans la gorge d’un autre cadavre humain ne donnaient par la culture ni les mêmes microbes, ni par l’inoculation les mêmes effets …

M. PASTEUR : Ces expériences ont été faites sans donner de résultats. Relativement à la question soulevée par M. Bergeron, à savoir que les chiens morts par le nouvel organisme renfermaient si peu de l’agent virulent qu’on n’a pu en découvrir au microscope, je répondrai que l’inoculation du sang de ce chien a cependant reproduit la maladie et la mort.

M. COLIN : … M. Pasteur veut que la bactéridie meure ou se détruise dans le sang dès le début de la putréfaction, et il soutient qu’elle se conserve autour du cadavre putréfié pendant des mois et des années dans la terre. Pourquoi cette singulière différence ?

M. PASTEUR : Parce que ce que détruit la putréfaction, c’est la bactéridie en filaments, la bactéridie à l’état de spores ou de germes résiste à la putréfaction.

M. GOSSELIN déclare que, pour lui, il n’admettra la transmission réelle de la rage au lapin que quand, par contre-épreuve, la rage aura été reportée du lapin au chien par l’inoculation.

M. PASTEUR : Quant à moi, je suis loin d’oser affirmer que la nouvelle maladie n’a aucune relation avec la rage. L’avenir seul peut répondre[1].

  1. Au surplus, je présenterai, lundi, à l’Académie des sciences, une Note très détaillée sur les expériences que j’ai entreprises sur le sujet dont il s’agit, avec mes collaborateurs habituels, MM. Chamberland et Roux.