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SUR UNE MALADIE NOUVELLE PROVOQUÉE PAR LA SALIVE D’UN ENFANT MORT DE LA RAGE

[AVEC LA COLLABORATION DE MM. CHAMBELLAND ET ROUX][1]

* J’ai l’honneur de présenter à l’Académie la Note complémentaire suivante sur la maladie nouvelle provoquée par la salive d’un enfant mort de la rage, dont j’ai déjà parlé dans la précédente séance, à l’occasion de la Communication de MM. Maurice Raynaud et Lannelongue[2], et que j’ai eu l’occasion d’observer avec la collaboration de MM. Chamberland et Roux.

Le 10 décembre dernier, M. le docteur Lannelongue, chirurgien de l’hôpital Sainte-Eugénie, eut l’obligeance de m’informer qu’un enfant de cinq ans, atteint d’hydrophobie, venait d’entrer dans son service, où nous nous rendîmes immédiatement.

L’enfant mourut le lendemain, 11 décembre, à dix heures quarante du matin, après avoir présenté dans les jours précédents les symptômes les plus accusés de l’hydrophobie et de l’aérophobie. Le moindre souffle sur un point quelconque du corps provoquait chez le petit malade des convulsions pharyngiennes, alors même qu’il était intentionnellement distrait par la conversation avec d’autres personnes. Il avait été mordu au visage un mois auparavant, à Choisy-le-Roi, par un chien enragé. Quatre heures après la mort, un peu de mucus buccal fut recueilli par moi-même à l’aide d’un pinceau, délayé dans de l’eau ordinaire et tout de suite inoculé à deux lapins[3]. Ceux-ci, rapportés au laboratoire, furent trouvés morts le 13 décembre au matin ils vivaient encore le 12, à une heure avancée de la nuit. Ils sont donc morts environ trente-six heures après l’inoculation. De nouveaux lapins furent

  1. Comptes rendus de l’Académie des sciences, séance du 24 janvier 1881, XCII p 159-165. — Bulletin de l’Académie de médecine, séance du 25 janvier 1881, 2e sér., X, p. 94-108 (sous le titre « Note sur la maladie nouvelle provoquée par la salive d’un enfant mort de la rage ») — Bulletin de la Société nationale d’agriculture de France (sous le titre « Sur des études relatives à la rage »), séance du 23 février 1881, XLI, p. 112-116, (et discussion) p. 116 et 117.
    *. Cet alinéa ne figure qu’au Bulletin de l’Académie de médecine.
  2. RAYNAUD et LANNELONGUE. Loc. cit. (Notes de l’Édition.)
  3. N’ayant pas d’eau pure à ma disposition, j’en envoyai quérir à la pharmacie de l’hôpital. Comme elle tardait à venir, je pris pour délayer le mucus un peu d’eau au robinet de la salle des morts. Une heure après environ, M. Lannelongue inocula ce même mucus délavé dans l’eau pure apportée de la pharmacie. J’insiste sur ce détail, parce qu’il démontre que l’eau du robinet que j’ai utilisée n’est pour rien dans les résultats que je signale, et que c’est bien le mucus buccal qui était virulent.