Page:Pasteur - Œuvres complètes, tome 6.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

NOUVEAUX FAITS POUR SERVIR A LA CONNAISSANCE DE LA RAGE

Avec la collaboration de MM. Chamberland, Roux et Thuillier[1].

De toutes les maladies, la rage paraît être celle dont l’étude offre le plus de difficultés. L’observation clinique est impuissante : il faut recourir sans cesse à l’expérimentation ; mais la signification de la moindre tentative expérimentale se heurtait naguère encore à des doutes insurmontables.

La salive était la seule matière où l’on eût constaté la présence du virus rabique[2]. Or, la salive inoculée par morsure ou par injection directe dans le tissu cellulaire ne communique pas la rage à coup sûr. En outre, quand la maladie se déclare, ce n’est qu’après une incubation toujours longue, dont la durée est variable et indéterminée.

De ces particularités, il résulte que, si l’on veut porter un jugement sur des expériences d’inoculations dont les résultats sont négatifs, on craint toujours, soit de ne pas avoir maintenu assez longtemps en observation les sujets inoculés, soit d’être en présence d’expériences avortées. En joignant à ces circonstances certaines difficultés de se procurer à volonté le virus, la répugnance et le danger de manier des chiens rabiques, on comprend aisément que l’étude de la rage soit faite pour déconcerter.

La situation n’est plus la même aujourd’hui.

Lorsque je résolus, il y a deux ans, de soumettre cette maladie à une étude approfondie, sans me faire illusion sur les difficultés et les longueurs d’une telle étude, je compris que le premier problème à résoudre devait consister dans la recherche d’une méthode d’inocula-

  1. Comptes rendus de l’Académie des sciences, séance du 11 décembre 1882 XCV p. 1187-1192. -- Bulletin de l’Académie de médecine, séance du 12 décembre 1882, 2e série, XI, p. 1440-1440. Cette Communication a été lue à l’Académie de médecine par M. Bouley qui l'a présentée en ces termes : « C’est au nom de M. Pasteur et de ses collaborateurs que je vais faire à l'Académie une Communication où se trouvent réunis les premiers résultats des recherches qu’ils poursuivent, depuis assez longtemps déjà, sur la rage. » (Note de l’Édition
  2. Galtier V. Comptes rendus de l’Académie des sciences, XCII, 1881 p 303 {Note de Pasteur.