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que les milieux où on le cultive font changer d’aspect, de facilité de propagation et de virulence.

La meilleure preuve que nous n’avons eu, dans nos cultures indéfiniment répétées, qu’un vibrion unique, c’est que les dernières cultures ont pu être ramenées à leur virulence du début en changeant les liquides de ces cultures. Qu’on fasse reproduire dix, vingt, trente fois de suite le vibrion septique dans du bouillon Liebig et qu’on substitue alors au bouillon du sérum sanguin un peu chargé de coagulums fibrineux, la nouvelle culture fournira un vibrion très-septique, tuant par exemple à 1/2000 de goutte, et le sang et la sérosité de l’animal mort acquerront sur-le-champ une virulence infiniment plus grande encore, avec les formes et le mouvement habituels du vibrion septique.

Retenons des faits précédents combien sont prématurées, dans l’état présent de nos connaissances, les classifications et les nomenclatures proposées pour des êtres qui peuvent changer d’aspect et de propriétés autant que nous venons de le dire par les conditions extérieures.

Dans l’étude des êtres microscopiques, toute méthode est précieuse qui peut servir à la séparation des nombreuses espèces dont l’association est si fréquente. Les propriétés des ferments, vivant sans air, nous ont mis tout à l’heure sur la voie d’une de ces méthodes. Je veux parler de la culture dans le vide, opposée à la culture en présence de l’air atmosphérique. Que des germes d’un organisme aérobie se trouvent mêlés à ceux d’un organisme anaérobie, la culture dans le vide permettra de les séparer. Il en sera de même également du mélange des germes d’une espèce tout à la fois aérobie et anaérobie. En appliquant cette méthode, en l’associant à d’autres déjà connues, quelquefois même en profitant d’un hasard heureux, comme on en rencontre toujours dans des recherches de longue haleine, nous avons reconnu que l’atmosphère et les eaux, ces grands réservoirs où aboutissent les débris microscopiques de tout ce qui a vécu, renferment des espèces assez nombreuses d’aérobies et d’anaérobies. Sans entrer dans les détails de nos observations, nous pouvons dire d’une manière générale que l’inoculation de ces organismes amène souvent des désordres mortels, qui paraissent même