Page:Pasteur - La Théorie des germes et ses applications à la médecine et à la chirurgie, 1878.djvu/18

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carbonique pur, il se multiplie encore, non sans donner cette fois une véritable fermentation avec dégagement d’acide carbonique et d’hydrogène, puisque la vie s’effectue sans air. C’est une confirmation nouvelle de notre principe : la fermentation accompagne la vie sans air, principe qui, j’en suis persuadé, dominera un jour nos connaissances sur la physiologie de la cellule.

Dans les premières heures du développement de notre vibrion, développement dont la rapidité, principalement au contact de l’air, est considérable, il est sous la forme de petits boudins très-courts, tournoyant sur eux-mêmes, pirouettant, s’avançant en se dandinant, d’un état mou, gélatineux, flexueux, qui saute aux yeux malgré le peu de longueur des individus. Bientôt tout mouvement s’arrête, et alors il ressemble absolument au bacterium termo, comme celui-ci légèrement étranglé dans sa longueur, quoique spécifiquement très-différent de ce bacterium. Vient-on à inoculer quelques gouttes d’une culture de cet organisme sous la peau d’un cochon d’Inde ou d’un lapin, du pus commence à se former et devient visible déjà après un intervalle de quelques heures. Les jours suivants, un abcès se forme, et dans cet abcès une grande abondance de pus. Ceci, dira-t-on, n’a rien qui doive surprendre, puisqu’il est avéré dans l’état de nos connaissances qu’un objet solide quelconque, des particules de charbon, le fragment de laine que la balle pousse devant elle, font naître du pus.

J’ajouterai même que ces dernières expériences ont été réalisées par nous, avec des matières préalablement chauffées et ne contenant pas de germes microscopiques. Mais l’activité de notre microbe, considéré comme générateur de pus, lors même qu’il devrait cette propriété à son seul titre de corps solide, est augmentée sensiblement par le fait de sa multiplication possible dans le corps des animaux.

Pour s’en convaincre, il suffit de faire l’expérience suivante : on partage en deux moitiés une culture de cet organisme ; l’une est chauffée à une température de 100° ou 110°, qui tue le microbe, sans altérer en quoi que ce soit ni sa forme ni son volume ; puis on inocule séparément, à deux animaux semblables, des portions égales de la moitié chauffée et de la moitié non chauffée. On constate alors aisément que celle-ci donne