Page:Pasteur - La Théorie des germes et ses applications à la médecine et à la chirurgie, 1878.djvu/19

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beaucoup plus de pus que la première, qui en fournit cependant à la manière de tout corps solide inerte. Ajoutons que, si l’on ensemence séparément les pus formés sur les deux animaux vivants, celui qui provient de l’animal qui a reçu les organismes chauffés est absolument stérile, tandis que le pus de l’animal qui a reçu les organismes non chauffés reproduit facilement et en abondance ce même organisme.

Dans tous les cas, voici un nouvel organisme microscopique pouvant vivre dans le corps des animaux. Nous connaissons la bactéridie charbonneuse et le vibrion septique, agents de contagion, de maladie et de mort, non parce qu’ils fabriquent des poisons chimiques, mais parce que l’économie animale peut leur servir de milieu de culture. Nous avons maintenant une troisième espèce également capable de se multiplier dans le corps vivant et d’y provoquer un état pathologique différent, comme on vient de le voir, des manifestations morbides qui naissent à la suite de l’inoculation de la bactéridie charbonneuse ou du vibrion septique. C’est là une preuve que le pus formé par notre organisme est lié à la spécificité de sa structure. La quantité de pus, par exemple, que fournissent la bactéridie et le vibrion septique, au point d’inoculation et ailleurs, est si peu sensible qu’elle passe souvent inaperçue.

Notre nouveau microbe inoculé sous la peau y reste-t-il confiné dans tous les cas ? ne peut-il, à l’exemple de la bactéridie ou du vibrion septique, se répandre dans le corps après qu’il a été introduit sous la peau ? L’expérience répond affirmativement. Le microbe dont il s’agit peut se propager dans tous les muscles, pénétrer dans le sang, dans le poumon et dans le foie, et déterminer dans ces organes la formation de foyers purulents, d’abcès métastatiques, en un mot l’infection purulente et la mort. Cet envahissement de tout le corps est néanmoins beaucoup plus difficile que par la bactéridie charbonneuse ou par le vibrion septique. Tandis que l’inoculation des plus petites quantités de ces derniers organismes amène pour ainsi dire infailliblement la mort, celle de notre microbe, pour des proportions équivalentes, se borne à la production d’abcès qui guérissent, soit parce qu’ils s’ouvrent d’eux-mêmes et suppurent, soit parce que le pus se résorbe et que le microbe qui l’accompagne disparaît, vaincu par ce que j’appelais