Page:Pasteur - Recherches sur la dissymétrie moléculaire des produits organiques naturels, 1860.djvu/34

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trique, malique, quinique, tannique,… morphine, codéïne, quinine, strychnine, brucine,… essences de térébenthine, de citron,… albumine, fibrine, gélatine. Tous ces principes immédiats sont moléculairement dissymétriques. Toutes ces matières ont le pouvoir rotatoire à l’état de dissolution ; caractère nécessaire et suffisant pour établir leur dissymétrie, lors même que, par l’absence de la cristallisation possible, l’hémiédrie ferait défaut pour la reconnaissance de cette propriété.

Dans cette énumération figurent toutes les substances les plus essentielles de l’organisme végétal et animal.

Il y a beaucoup de substances naturelles qui ne sont pas dissymétriques. Mais sont-elles naturelles au même titre que les autres ? Ne faut-il pas voir dans des corps tels que l’acide oxalique, l’hydrure de salicyle, l’acide fumarique… des dérivés des substances naturelles proprement dites, formés par des actions analogues à celles des laboratoires. Ces produits me paraissent être dans l’organisme végétal ce que l’urée, l’acide urique, la créatine, le glycocolle… sont dans l’organisme animal, des excrétions plutôt que des sécrétions, si je puis ainsi parler. Il serait très-intéressant de suivre ce point de vue expérimentalement.

Ajoutons à cela que beaucoup de corps non dissymétriques en apparence pourraient être des paratartriques. Il manque encore un mot à la langue chimique pour exprimer le fait d’une double dissymétrie moléculaire cachée par la neutralisation de deux dissymétries inverses, dont les effets physiques et géométriques se compensent rigoureusement.

La double proposition à laquelle nous venons d’être conduits sur la dissymétrie habituelle des principes immédiats organiques, et sur l’absence de ce caractère dans tous les produits de la nature morte va nous