Page:Pasteur - Sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère, 1861.djvu/10

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l’erreur de l’interprétation de Gay-Lussac, relative à l’influence du gaz oxygène dans l’altération des conserves. Non, l’absence de l’oxygène n’est pas, comme le pensait Gay-Lussac, une condition nécessaire de l’inaltérabilité des conserves d’Appert.

Voilà le progrès du docteur Schwann. Il a montré que les conserves d’Appert continuaient de se conserver en présence de l’air, pourvu que l’air eût été chauffé. Et il a donné raison à Spallanzani contre Needham.

Quelle fut, messieurs, la conclusion que le docteur Schwann déduisit de son expérience ? Que ce n’est pas l’oxygène seul qui occasionne la putréfaction, mais un principe renfermé dans l’air ordinaire, que la chaleur peut détruire. — La réserve de cette conclusion mérite d’être remarquée. Il ne dit pas que par la chaleur il détruit des germes. C’eût été aller au delà des faits. C’eût été ajouter une hypothèse à son travail, bien que l’on voie qu’il penche à croire que ses résultats sont favorables à la vieille hypothèse de la dissémination des germes.

Les expériences du docteur Schwann ont été répétées et modifiées par divers observateurs. MM. Ure et Helmholtz ont confirmé ses résultats par des expériences analogues aux siennes. M. Schultze, au lieu de calciner l’air avant de le mettre au contact des conserves d’Appert, le fit passer à travers des réactifs chimiques énergiques, potasse et acide sulfurique concentrés. MM. Schrœder et Dusch imaginèrent de filtrer l’air à travers du coton, au lieu de le modifier par une température élevée ou par les réactifs chimiques. Le premier mémoire de M. Schrœder a paru en 1854, le second en 1859. Ce sont d’excellents travaux, qui ont en outre le mérite historique de montrer l’état de la question qui nous occupe à la date de 1859. Je vais en présenter le résumé rapide.