Page:Pasteur - Sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère, 1861.djvu/11

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On savait depuis longtemps, et dès les premières discussions sur la génération spontanée, qu’une gaze fine, déjà employée avec tant de succès par Redi, suffisait pour empêcher ou tout au moins pour modifier singulièrement l’altération des infusions. Ce fait même était au nombre de ceux qu’invoquaient alors de préférence les adversaires de la doctrine des générations spontanées.

Voici, par exemple, un passage d’un ouvrage bien connu sur le microscope, par Baker, membre de la Société royale de Londres, dont la traduction française parut en 1754.

« J’ai trouvé constamment, dit Baker, que si l’infusion (de poivre, de foin) est couverte d’une mousseline ou d’une autre toile fine, il ne s’y produit que très-peu d’animaux, mais que si l’on ôte cette couverture, elle est dans peu de jours pleine de vie… Comme les œufs de ces petites créatures sont moins pesants que l’air, il peut se faire qu’il en flotte continuellement des millions dans l’air, et qu’étant portés indifféremment de tous les côtés, il en périsse un grand nombre dans les endroits qui ne conviennent pas à leur nature… Il y a des gens qui s’imaginent que les œufs de ces petits animaux sont logés dans le poivre, dans le foin, ou dans toutes les autres matières que l’on met dans l’eau ; mais, si cela était, je ne saurais comprendre comment une petite couverture d’une toile fine, qui n’empêche pas l’air de pénétrer, pourrait empêcher ces œufs d’éclore. »

Guidés sans doute par ces faits, et surtout, comme ils le disent expressément, par les expériences ingénieuses de M. Lœwel, qui reconnut que l’air ordinaire était impropre à provoquer la cristallisation du sulfate de soude, lorsqu’il avait été filtré sur du coton,