Page:Pasteur - Sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère, 1861.djvu/29

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tanés, que dans cette portion si petite d’air commun il y ait les germes d’une multitude de productions diverses ; et qu’enfin, si les choses sont telles, l’air ordinaire doit être encombré de matière organique. Elle y formerait un épais brouillard.

Voilà la grande objection des partisans de la génération spontanée, appuyée, comme on le voit sur une assertion proclamée vraie par les deux partis, assertion qui peut en quelque sorte se résumer ainsi : Dans l’atmosphère il y a continuité de la cause des générations dites spontanées.

Il est assez curieux de rechercher quelle est la source de cette assertion généralement admise. Si vous voulez des preuves directes, vous n’en trouverez pas. Ce sont de ces notions que l’on rencontre partout, partout regardées comme des principes bien établis, mais dont les preuves ne sont nulle part. Je crois que celle-ci a eu pour origine ce fameux mémoire de Gay-Lussac sur les conserves d’Appert, dont j’ai déjà parlé. C’est dans ce mémoire, remarquez-le bien, que Gay-Lussac, trouvant qu’il n’y a plus d’oxygène dans l’air des conserves, affirme que l’absence de l’oxygène est nécessaire pour l’inaltérabilité des conserves ; c’est dans ce mémoire qu’il conserve du lait pendant deux mois en le faisant bouillir quelques instants chaque jour, pour chasser, dit-il, l’air dissous ; c’est dans ce mémoire enfin que vous trouvez cette expérience classique sur le moût de raisin qui entre en fermentation après qu’il a été mis en contact de quelques bulles d’oxygène, bulles infiniment petites a-t-on dit et répété. En confondant toutes ces choses, faits et interprétations, un peu comme elles l’étaient dans le mémoire de Gay-Lussac, on en est venu à affirmer que la plus petite quantité d’air commun suffisait pour provoquer la fermentation et pour altérer les conserves d’Appert.