Page:Pasteur - Sur les corpuscules organisés qui existent dans l’atmosphère, 1861.djvu/33

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l’emploi de la cuve à mercure dans les expériences relatives aux générations dites spontanées. Dans mes premiers essais d’ensemencement des poussières qui sont en suspension dans l’air dans des liqueurs putrescibles, en présence de l’air calciné, j’opérai sur la cuve à mercure. Or toutes mes expériences à blanc réussissaient aussi bien que les autres. C’est qu’il est impossible de manipuler sur le mercure sans introduire dans les vases une partie des poussières qui sont à la surface du mercure ou sur les parois de la cuve, et jusque dans la masse même du liquide. Du jour où le mercure est sorti de la mine il est exposé aux poussières qui sont en suspension dans l’air et qui tombent à sa surface. Avez-vous jamais remarqué comment les choses se passent lorsque l’on enfonce dans le mercure un objet quelconque, par exemple un tube de verre, et qu’il y a à la surface du mercure une couche de poussière ? Les poussières de la surface viennent se loger dans la gaine comprise entre le mercure et le tube, et elles y viennent d’une distance d’un décimètre si on enfonce le tube d’un décimètre. De sorte que quand vous faites passer dans un ballon préparé avec beaucoup de soin, rempli d’un liquide qui a subi l’ébullition, un tube de verre dans certaines conditions, si vous croyez être à l’abri des germes étrangers, vous vous trompez, vous en introduisez un très-grand nombre.

Mais dans l’intérieur même du mercure il y en a toujours. Il n’y a pas de liquide plus propre à les cacher et à les retenir. Voici une expérience facile à répéter. On prend un ballon contenant un liquide organique qui a bouilli et vide d’air. On brise sa pointe au fond de la cuve. Le mercure rentre dans le ballon ; on y fait arriver alors de l’air calciné ou de l’air artificiel. Eh bien, j’ai toujours vu au bout de peu de jours des