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DE LA TROISIÈME R A C E. 205

incarrit adversus simoniacos affictam : ac in ipsis dignitatibus et beneficiis taliter obtentis nullum Jus ac titulum acquirit. Hac sunt verba decreti conformis legi civili et divina. Soit considéré quel inconvénient s’ensuit : car ils administrent sans filtre, et par conséquent ce qu’ils font est nul ; qui est péril pour le salut des ames, et de ceux qui reçoivent ordre ab eis.

(y2) Item. Et pour obvier aux autres inconveniens dessusdits, furent advisées les constitutions et décrets ; et iceux casser n’est autre chose que donner cours à ladite évacuation de pecunes : et par experience, qua est rerum magistra, soit advisé et considéré à l’évacuation qui a esté si excessive depuis la cassation de ladite pragmatique, que par experience l’on cognoisse et appare comment ce royaume est presque tary, d’or principalement. Et ce peut estre assez cogneu en ce que paravant ladite rompture n’y avoit estai de changes sur le pont des Changeurs à Paris qui ne fust hanté de changeurs, et tous trouvoient assez à gaigner à bailler la monnoye pur l’or. Mais depuis ce que, la banque a tiré et succé des bourses des subjets l’or, tellement qu’il n’est demouré que monnoye. Pourcè est-ce que l’on ne va comme point au change demander la monnoye pour de l’or, et ès lieux sur ledit pont où souloient les changeurs habiter, ne habite que chapeliers et faiseurs de poupées.

(7j) Item. Et pour particulièrement monstrer ladite évacuation qui a esté esdites trois années, est à considerer que, du temps dudit Pape Pius (a), ont vacqué plus de vingt archeveschez et eveschez de ce royaume, pour le vacant desquelles, et aussi pour les propines et autres frais, a esté porté en cour de Rome pour chacune bulle, l’une portant l’autre, six mil escus. Somme six vingts mil escus. (74) Item. Et aussi ont vacqué cependant plusieurs grosses abbayes de ce royaume, jusqu’au nombre de soixante ou plus ; pour chacune desquelles, l’une prtant l’autre, a esfé payé, et porté hors de ce royaume en cour de Rome, comprins les frais, deux mil escus. Somme six vingts mil escus. (jf Item. Et pareillement durant le temps dessusdit ont vacqué plusieurs gros prieurez, doyennez, prevostez, commanderies, et autres dignitez électives sans crosse, jusqu’au nombre de deux cens et plus : pour chacun desquels ont esté portez en cour de Rome cinq cens escus l’un portant l’autre. Somme cent mil escus. (76) Item. Touchant les bénéfices collatifs, on trouve qu’au royaume a pour le moins cent mil paroisses habitées. Et durant ledit temps n’y a eu celle l’une portant l’autre, dont il n’y ait eu une personne qui n’ait levé une grâce expectative à quelque benefice, laquelle grâce a cousté, l’une portant l’autre, vingt-cinq escus, tant pour le voyage de ceux qui ont esté ou envoyé à Rome pour l’expedition desdites bulles ou grâces, nonobstant les prérogatives, ancellations, et autres clauses especiales y comprinses, que pour les procès executiaux faits sur icelles. Somme deux millions et cinq cens mil escus.

(77) Item. Et est à considerer que combien que les exactions fussent grandes, tant en vacans qu’autrement, au temps que lesdites constitutions furent faites, toutesfois, depuis la cassation d’icelles, tempore Pii, et de présent sont plus excessives de la moitié ; car lors les vacans ne se payoient que ad valorem taxa, réduite ad mediam laxa. Et toutesfois, depuis ladite cassation, communément les vacans ont esté exigés plus grands que toute la taxe, voire que la valeur d’une année, voire de deux des bénéfices : et tellement que d’aucuns, comme l’abbaye de Bernay, furent laissées les bulles à la banque, pour ce qu’on demandoit deux cens ducats, et l’abbaye n’en vaut pas deux cens ; Sainct-Pharon de Meaux à neuf cens : et aussi des grâces expectatives prenoit les deux parts ou le tiers, et plus qu’on ne souloit. Note.

Louis XI,

à Tours,

le 27 Novem»

i46i.

(a) On voit ici la preuve que les remon- y. parle du temps où Pie II vivoit, et que ce tances du Parlement sont postérieures de plu- Pape , comme nous l’avons dit, ne mourut ‘‘eurs années à la loi de Louis XI, puisqu’on qu’en 14^4- Voir aussi le f. 48, page 202,