Page:Pastoret - Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome 18.djvu/152

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DE LA TROISIÈME Race. $7

principalement ordonné et establi certain nombre des plus notables, prudens et expérimentez ès affaires touchant le bien, régime, gouvernement et administration de la chose publique d’icelle , par le bon advis , seur conseil, meure deliberacion, grant sollicitude et continuelle diligence desquelz elles ont este aucunes fois tellement eslcvées et exaulcées, qu’il en est et sera à toujours mémoire ; et posé que aucunes d’icelles, par fortune de guerre ou autre grief et sinistre meschief, aient esté presque du tout subverties et diruptées, si ont-elles esté depuis par le moyen que dict est, plus que par armes et exploiz de guerre, tellement restaurées, repeuplées et reffàictes , quelles sont parvenues en beaucoup plus magnifique estât et grant prospérité que paravant ; et s’il en y a eu aucunes qui soient tumbées en totalle ruyne et désolation, ce a esté plus par deffault de bon gouvernement, et par intestines et civilles dissensions, debatz et discors que, par autre maniéré, et ont toujours esté dictes et repputées très-heureuses, et non sans cause, celles qui ont esté e sont gouvernées par gens saiges et prudens, et les autres au contraire ; parquoy est tout notoire que pour le bien, entretenement et augmentation de toutes bonnes villes et citez, est nécessairement requis qu’elles soient régies et gouvernées par bon conseil, union et police : sçavoir faisons à tous presens et advenir , que nous, considerans que la ville et cité d’Angicrs, qui est chief et cappitalle du pays et duché d’Anjou, est l’une des plus grandes , anciennes et notables villes et citez du royaume, laquelle puis aucun temps en çà, par deffault de police et conseil, et qu’il n’y a aucune communaulté comme il y a eu plusieurs ès autres bonnes villes et citez de nostredict royaume, est très-fort diminuée et apovrie, et les lossez , murailles, portaulx , boulevers et autres emparemens et communs affaires d’icelle si mal traictez, regis, gouvernez et conduiz, que, se ordre et provision n’y estoit mise et donnée,grant inconvénient, que Dieu ne veuille, y pourroit scurvenir, au très-grant préjudice d’icelle et de tous les pays d’environ ; reduisans aussi à mémoire la très-grant, parfaite, vraye, singulière et entière loyauté et obeyssance que ceux de ladicte ville et de tout ledict pays, tant gens d’esglise , nobles que autres, ont toujours inviolablement et sans aucune discontinuation gardée envers nous, noz prédécesseurs Roys et la couronne de France, et mesmement envers nous, ainsi que par vraye, notoire et évidente expérience, l’avons, manifestement et par effect, cogneu et apperceu, mesmement au commancement des divisions qui, trois ou quatre ans après notre couronnement, se meurent en nostredict royaume, vulgairement appellées le bien publique (a), que nos très-chiers et bien-amez les gens d’esglise , nobles , bourgois , manans et habitans de ladicte ville et cité d’Angiers, combien que par plusieurs et diverses foiz ilz eussent esté très-instamment enhortez, requis et persuadez, de la part de ceux qui s’estoient mis sus en armes et elevez en l’encontre de nous, qu’ilz voulsissent adhérer avec eulx et tenir leur party, leur bailler paissaige, les porter et favoriser en leur faisant pour ce de grans offres et promesses pour les y cuider faire condescendre, ce neantmoins , pour quelconque remontrance, requeste, enhortement ou persuasion qu’on leur peust lors ne depuis faire , ilz n’y voulirent ne ont depuis voulu aucunement acquiescer, obéir ne obtemperer, ains demourerent et se tindrent lors et sont depuis toujours demourez et N OT E.

Louis XI,

à Paris,

Février 14y4-

(*) Voyez ci-dessus, terne XV. les indications de la Table des matières, au mot Ligue, Pag- 857.