Page:Pastoret - Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome 18.djvu/43

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PRÉFACE.

»et pour une charrette vide passant par le chemin public, on exigeoit » certaine autre somme de deniers pour le rodage ; on l’exigeoit également si elle étoit chargée de marchandises, outre le péage auquel ces » marchandises étoient sujettes (a). » Nous avons indiqué d’autres tributs encore que les seigneurs perccvoient, dans le Discours préliminaire du tome XVI, comme le vientrage, le jalage, le bouteillage , le traînage, la muéson : ces deux derniers étoient relatifs au transport du vin, de la maison du propriétaire à celle de l’acheteur (b). La redevance prenoit le nom des petits navires sur lesquels on portoit le vin, ou du rivage sur lequel on le débarquoit ; le ripaticum, le barcanaticum, et le mutaticum aussi, car on donnoit à un bateau le nom de muta (c).

Il y avoit, sous différens noms, plusieurs redevances en grains. Minage ou éminage indiquoit un droit sur le mesurage ( d). Une autre redevance étoit appelée mestive : tallia de annona, quœ dicitur mestiva, portent des lettres de Louis VII en faveur de l’abbaye de Saint-Denis ; et d’autres lettres du même prince, pour l’abolition de plusieurs mauvaises coutumes dans la ville de Bourges, se servent du même mot pour exprimer un droit levé sur les moissons (e). Bichenage, bladage, cornage, stelage ou sesterage, exprimoient encore, en quelques provinces, une rétribution sur les grains (f). Le bassinage, bacinagium, consistoit à prendre chaque année un bassin rempli de froment, de raisin ; on le prélevoit aussi sur le sel (g). Il fut des seigneurs qui s’approprièrent le quart des blés ou des vins recueillis par les habitans, droit si excessif, qu’ils n osoient pas même le lever toujours en entier : c’est ce qu’on nomma le quartagium, le cartelage (h J. On appeloit araige un droit qui consistoit à lever, au profit du seigneur, une certaine due encore. Fo/V/Surcet impôt, le Disc, prélimin. du tome XVI, page Ij.

(a) Cout. de Saint-Sever, tit. x, art. 5. Coutume d’Acqs, titre xii, art. 5.

(b) Disc, prélim. du t. XVI, p. I et Ij. (c) Ibid. pag. Ixxivet Ixxvij. On prélevoit aussi en Flandre un droit sur la bière, le gambage ou cambage : cambum est le mot latin de cette boisson , et les Flamands le conservèrent. Voir l’art. 4^ (le la coutume de Boulenois.

(d) Ordonn. tom. IV, pag. 296, note 0. Ernine étoit le nom de la mesure. On trouve minage en vins dans une ordonnance de 1359 ; mais c’est vraisemblablement ménagé qu’il faut lire, droit pris sur ceux qui mènent du vin. Ordonn.

t. III, pag. 365. Les coutumes de Lorris et de Boiscommun exemptoient du minage les grains recueillis par le travail des habitans ou de leurs animaux. Ordonnances, tom. IV, pag. 74, art. 2. Voir aussi le tom. X, pag. 50, art. i.*r ; le tom. XI, pag. 223 , art. 11 ; le tom. XII, pag. 49. art. 2 ; le tom. XV, pag. 167. art. i.cr ; la préface du tome XVI, page Iv.

(e) Ordonn. tom. I.er, pag. 9 et 10 ; et page 49. lettres de Louis VIII, art. 3 ; Ordonn. tom. XI, art. 3 , page 210.

(f ) Voir Laurière à ces mots, et aux mots Eschets, Estoublage, Mesure a boisseaux , Moison de grains, Verte - moulte. Cornage , en Berry , exprimoit aussi un droit levé par le seigneur sur ceux qui avoient des bœufs. Voir le Coutumier général, tom. III, pag. 1036,8«. 5.

(g) Voir du Cange, tom. I.cr, p. 906, et Laurière, tom. I.er, page 147.

(h) Du Cange, au mot Carto, tom. II, pag. 369, et Laurière, tom. II, pag. 251. quantité