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Page:Pastoret - Ordonnances des rois de France de la troisième race, tome 19.djvu/61

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PRÉFACE.

donner par ie propriétaire d’une vigne une amphore de vin par chaque arpent (λ,)· Montesquieu croit (b) que les Romains seuls dévoient le payer, que les Francs n’y furent pas soumis ; mais 1’édit de Chilpéric est loin de faire cette distinction ; il l’ordonne pour tous les habitans du royaume, et sans en dispenser aucune classe de citoyens (c). Montesquieu le présente aussi comme un tribut qui devoit être passager ; je suis forcé de dire que c’est une erreur encore. Ce qui avoit été. moins lucratif pour le trésor de l’État ne fut pas rétabli, et ce qu’on y avoit substitué se conserva sous tous les rois de la première race ; nous pourrions dire de la seconde pareillement, car nous le retrouvons dans toute sa force sous le règne de Louis-le-Débonnaire (d). Grégoire de Tours ajoute (e) qu’on avoit mis, tant sur les autres terres que sur les esclaves, beaucoup d’autres contributions impossibles à supporter.

Des soulèvemens eurent lieu quelquefois contre l’impôt ; soit qu’il n’eût pas d’objet, soit qu’on ne le trouvât pas nécessaire, soit qu’il n’offrît que des avantages qui ne servoient pas pour tous, soit que la dureté des préposés rendît plus difficile encore d’en supporter le poids et l’injustice (f). Grégoire de Tours nous apprend aussi qu’en Limousin la multitude s’empara des rôles apportés et les brûla. Des commissaires du Roi furent envoyés pour punir les coupables. Ils leur firent subir divers supplices, la mort même ; et l’impôt fut levé désormais avec plus de rigueur qu’auparavant (g).

Rien n’autorise la révolte ; mais on ne peut nier que les Principales ne fissent sans cesse les plus injustes répartitions : A principalibus civitatum, dit Salvien (h), viduarum et pupillarum viscera devorantur. Et la pesanteur de l’impôt, son inutilité, son injustice même, ne furent pas toujours les seuls motifs de l’insurrection ; la manière dont se conduisoient les percepteurs, tout ce qu’ils y ajoutoient par leur empressement et leur sévérité, y contribuoient encore. Charlemagne, nous aimons à le répéter, réprima souvent les exactions de ces hommes qui, au lieu d’adoucir la levée des différens impôts, se permettoient d’en réclamer que les lois n’autorisoient pas (i). Outre les obligations générales qu’ont nécessairement, et par le caractère de leurs fonctions, les percepteurs des contributions pu- (a) Voir ci-dessus, page xlij, note a.

(b) Esprit des lois, liv. XXX, ch. xn.

(c) In omni regno suo fieri jassit, dit Grégoire de Tours.

(d) Voir encore ci-dessus, page xlj.

(e) Livre V, S 29.

(f) V°tr la fin cinquième alinéa de

la page précédente.

(g) § 29 du livre V.

(h) Livre III, De gubernat. Dei. Voir

Ia novelle 17. II y avoit eu pourtant, et il devoit y avoir encore, des inspecteurs, des officiers, dont l’établissement avoit pour objet principal de rétablir la balance et l’égalité, peraquatores. Voir ci-dessus, page ij.

(i) Voir les Capitulaires, V, de l’an

803 et de l’an 806, et le capitulaire de l’an 809 ; on peut voir aussi un capitulaire de son fils, de l’année 820.