Page:Paté - À Molière, 1876.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Quoi ! Descartes vaincu ? Bossuet, Pascal même ?
Quel miracle est-ce là qui confond nos esprits ?
Lui premier, l’histrion ? C’était presque un blasphème.
Le poëte se trompe… ou le roi s’est mépris.

Il ne se trompait point, pour grands que soient les autres :
Molière est le plus grand, même par ses douleurs,
Lui qui fit de ses maux un baume pour les nôtres,
Et dans son rire ouvert nous cacha tant de pleurs !

Il riait : oui, sans doute, il n’a point pris la lyre
Pour chanter ses amours payés de trahison ;
Son cœur dans ses secrets n’a point permis de lire,
Trop fier pour étaler les deuils de sa raison.

Oui, sans doute, il n’a point, dans un rhythme plus grave,
Fait ployer les tyrans sous le poids du pouvoir,
Ni placé le pardon dans la bouche d’Octave,
Ni montré Phèdre en proie aux rigueurs du devoir