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IV
inquiétude d’esprit et de cœur

L’horloge de la vénérable église janséniste, où reposent Patru et Nicole, marquait deux heures, au moment où Jean Monneron s’en allait ainsi, loin de ce portail tentateur, loin de Brigitte Ferrand, — loin de lui-même. Ah ! qu’il l’aurait voulu ! — Le soir était tombé depuis longtemps qu’il errait encore dans les rues de ce quartier, qui fut autrefois le faubourg Saint-Marcel, et qui déborde aujourd’hui jusqu’aux forts d’Ivry et de Bicêtre. Cette marche interminable, sur les trottoirs, le long des cabarets que le retour du cimetière voisin emplissait, par cet après-midi du 1er novembre, de consommateurs fort consolés, était bien faite pour redoubler en lui cette sensation de l’« à quoi bon ? », la plus insupportable, peut-être, à un jeune homme de cette chaleur de cœur et d’esprit. L’évidence qu’impose aussitôt le spectacle des quartiers populaires de Paris, à ceux qui les parcourent, comme il faisait, sans parti pris, est en