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LES MONNERON

te prier, » continua-t-elle, « d’être très exact au rendez-vous ce soir. Il paraît que la discussion est importante. »

Elle s’arrêta, interloquée par un ricanement de l’aimable Gaspard, auquel Mme Monneron demanda cette fois avec un véritable mécontentement :

— « Je t’ai répété ce matin encore que c’était parfaitement mal élevé de rire tout haut sans que l’on sache pourquoi. Qu’y a-t-il de drôle dans ce que dit ta sœur ?… »

— « Mais rien, » fit le gamin, dont le sens déjà très avisé savait jusqu’où il pouvait aller avec sa mère, et quand il fallait filer doux. « C’est ce nom d’U. T. qui me fait rigoler, voilà tout… »

— « il s’agit d’une affaire assez délicate, » dit Jean, qui s’adressa directement à son père. Lui aussi, parlait un peu précipitamment, comme si les trois petits incidents simultanés qui venaient de se produire : le message de Rumesnil transmis par sa sœur, l’évidente gêne de sa mère, et le rire du plus jeune frère, l’avaient soudain énervé. « Un des prêtres de Paris qui se sont le plus occupés des problèmes sociaux, et que tu connais certainement de nom, M. l’abbé Chanut, a écrit à Crémieu-Dax pour lui demander de faire à l’U. T. une conférence sur le Christianisme et la Science… »

— « J’espère que vous n’avez pas accepté » interrompit vivement Monneron.

— « Comment pourrons-nous refuser ? »