un épisode privé d’une grande guerre religieuse.
Cette vision se fit intense dans cette tête de mathématicien,
habitué à représenter des files innombrables
d’événements dans le raccourci de ses formules,
si intense qu’au moment où il se décida à
continuer son travail interrompu, le mot qu’il se
prononçait intérieurement pour résumer son impression
de cet entretien, n’était plus comme tout
à l’heure : « Pauvre femme ! » Il se disait : « Pauvre
pays ! » et pendant quelques instants la craie hésita
entre ses doigts.
Elle eût tremblé bien davantage, jusqu’à ne pouvoir tracer les chiffres indifférents des formules, cette vieille et vénérable main, si la seconde vue du savant et du croyant eût été plus perspicace encore. Sa pitié se serait émue de nouveau, et plus profondément, à constater que cette divergence religieuse entre le mari et la femme, sentie par celle-ci avec tant d’appréhension, n’était qu’un des éléments du désastre qui menaçait, dans ce moment même, ce foyer posé à faux. Sa théorie de la vie, qui lui montrait, sous l’apparent hasard des événements, une mathématique secrète d’équitable répartition, n’en eût été que trop fortifiée. Ce ménage touchait en effet à une crise, pour bien des raisons qui se découvriront au fur et à mesure. Il est permis de dire dès maintenant qu’elles étaient toutes, ou bien issues du funeste principe du di-