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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/117

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écussons en broderie d’hermine. Les choses étaient bien faites.

Quant aux gradins communs qui occupaient tout le côté septentrional de l’arène, on les avait tendus de serge et c’était encore trop bon pour la mer qui allait passer dessus. Le côté méridional n’avait que deux ou trois rangs de bancs de bois posés sur le sol même. Encore fallait-il être Louis XI pour songer à asseoir Jacques Bonhomme, si mal que ce fût, en ce temps-là.

L’arène était de forme elliptique très allongée. Il y avait quatre tentes, situées deux par deux aux extrémités de l’ellipse. L’une de ces rentes appartenait aux ordonnateurs du tournoi, les trois autres aux champions. Dès le début, et même avant d’entrer dans les tentes, les champions se divisèrent en deux camps bien distincts, séparés par toute la longueur des lices. Les Bretons tenaient l’extrémité occidentale ; à l’est se tenaient les Français et les gens de Chaussey, non point réunis, mais rapprochés. Le roi put remarquer avec inquiétude que la suite de son frère et cousin bien-aimé François II était presque une armée. Les Bretons étaient plus nombreux que les deux autres troupes mises ensemble. Ils se tenaient à cheval et en bon ordre, graves, silencieux, nous pourrions dire menaçants. Leur escadron serré semblait là pour une bataille et non pour un tournoi. À leur tête était le duc en personne ; du moins le chef portait le cimier de Bretagne. Les curieux allaient se dédommager de l’absence des dames : un souverain en champ-clos ! cela ne se voyait point tous les jours.

Ajoutons que la renommée ne représentait point François II sous ce chevaleresque et belliqueux aspect. On parlait de son hanap profond, non point de sa longue lance. Rien de beau comme ces fiers démentis donnés en face à la renommée !

Les trompettes sonnèrent. La garde écossaise du roi Louis sortit de la première tente ; les trois quarts des archers environ vinrent se ranger sous le trône ; le reste demeura autour de la tente pour vaquer au service du camp. La cavalcade