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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/118

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venue de l’hôtel du Dayron avait pris place tout près de l’estrade ducale sur les gradins publics. Dame Josèphe eût trouvé plus convenable qu’on la mit sous le dais, mais les officiers de la cérémonie n’avaient point été de son avis. Le dais attendait le duc ; le duc ne vint point, durant toute la passe d’armes le dais ne recouvrit que le velours de l’estrade.

Dame Josèphe obtint que Bette, sa suivante, et maître Biberel son ecuyer, se tiendraient debout à ses côtés. On lui concéda licence d’avoir ses deux vieux chiens sous ses pieds et son vieux faucon sur le poing. Le vieux faucon, rendu à de meilleurs sentiments, n’avait rien fait de nouveau depuis sa dernière inconvenance. Dame Josèphe avait lieu d’espérer qu’il ne confondrait plus désormais son poing vénérable avec le perchoir. Auprès de maître Biberel debout, Berthe s’asseyait ; le sire du Dayron était entre elle et madame Reine. Jeannine avait trouvé place immédiatement au-dessous de Berthe, sur le dernier gradin qui bordait l’arène.

Au son de la trompette, un mouvement se fit dans les divers groupes d’hommes d’armes. Berthe toucha l’épaule de Jeannine.

— Le voilà ! dit-elle.

Jeannine l’avait déjà vu. Il était au second rang des champions de Bretagne. En ce moment même sa lance s’inclinait pour saluer de loin Mme Reine, qui lui envoya un baiser. Jeannine, la pauvre fille qui n’avait pas le droit de sourire, baissa ses yeux humides Berthe agita son mouchoir brodé.

— Voyez comme il vous regarde, belle petite, lui dit Mme Reine par-dessus l’épaule du sire du Dayron.

Aubry regardait Jeannine.

Un grand cliquetis de fer eut lieu à l’autre extrémité du champ-clos. Berthe se retourna.

— Le voilà dit-elle encore, mais cette fois tout au fond de sa conscience et avec une muette terreur.

Messire Olivier, armé de toutes pièces, mais le visage découvert, caracolait parmi les chevaliers du roi. Il s’inclina gracieusement vers Berthe qui, à son tour, baissa les yeux.