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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/152

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XVII


PORTE OUVERTE


Entre le Mont et la côte d’Avianches la mer est calme comme un étang, mais la traversée ne laisse pas de présenter quelques dangers en marée, à cause des courants de surface et sous-marins qui se croisent dans tous les sens. Jeannin avait de bons bras et du courage. Au bout de quelques minutes frère Bruno chercha en vain la barque dans la nuit. Il remonta vers sa loge en disant :

— Certes, elle avait de l’esprit comme quatre, et sans elle, Nicolas Fougeroux, son grand innocent de mari, n’aurait jamais fait fortune !

Il rentra dans sa cellule après avoir refermé la porte. Il resta un instant sans parler pour prêter i’oreille aux bruits qui venaient de l’intérieur du monastère. Les cloîtres étaient silencieux ; les archers causaient et riaient dans la salle d’armes située au haut du premier escalier.

— Ils comptent sur la marée, pour être bien gardés, pensa Bruno. Il n’y aura que deux sentinelles et la nuit sera noire.

Il s’assit auprès de sa couchette et mit sa tête entre ses mains.

— Pour m’être endormi un instant ce matin, se dit-il, j’ai vu feu le nain Fier-à-Bras en rêve. Si je ne faisais pas selon que je lui ai promis, qu’arriverait-il ? Je sais plus de cent histoires semblables qui toutes finissent mal. J’ai promis, je