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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/161

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dignitaires de toute sorte. Les dames, chargées d’atours, emplissaient les galeries.

Il n’y avait là, bien entendu, que des Français et Françaises.

Le chœur restait presque vide dans la partie qui tournait à droite et à gauche de l’autel pour joindre l’abside. C’était la place marquée des chevaliers pour ouïr chanter vêpres. Leurs sièges les attendaient. Au-dessus de chaque siège pendait au mur l’écusson du chevalier qui devait l’occuper ; au-dessus de l’écu, on voyait le heaume et le timbre. Les statuts le voulaient ainsi.

Jusqu’à l’offertoire, ce fut le roi d’armes Montjoye qui se tint devant Sa Majesté. Après l’offertoire, Montjoye céda sa place au héraut de l’ordre, Mont-Saint-Michel.

Tout de suite après l’élévation, les orgues se turent et l’archevêque de Sens gagna sa stalle.

Le roi dit :

— Je viens céans établir et fonder, si Dieu le veut, l’ordre de monseigneur Saint-Michel.

Les choristes récitèrent, sans psalmodier, le Veni Sancte Spiritus.

— Dieu veut ce qui est pour la défense de la très-sainte Église, prononça l’archevêque de Sens en latin.

Le roi reprit en français :

— Que le saint nom de Dieu soit béni maintenant et dans l’éternité !

Il se tourna vers les princes du sang qui étaient derrière lui. Le duc de Guyenne, frère du roi, fit un pas en avant. Il tenait ses lettres à la main.

« Monseigneur[1], dit-il à haute voix (les princes du sang n’employaient pas le mot Sire), j’ai vu vos lettres comment, de la grâce de vous et des très-honorables frères et compagnons de digne et honorable ordre de monseigneur saint Michel, j’ai été élu à icelui ordre et compagnie aimable dont je me tiens très-grandement honoré, lequel j’ai révèrement

  1. Transcrit textuellement, sauf orthographe, du ms. déjà cité.