Aller au contenu

Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec l’autre d’un double lux. Sur cette draperie, derrière l’autel, une broderie en relief plein représentait l’archange debout sur son roc.

Il n’y avait au maître-autel, le roi l’avait voulu ainsi, que le service ordinaire de cierges. La lumière devait tomber d’en haut. Dans tout le reste de la basilique, on ne voyait briller que les lampes sempiternelles, suspendues devant les images de la mère de Dieu.

C’était comme une nuit. La nef énorme s’emplissait d’un solennel mystère.

L’archevêque de Sens officiait, assisté des évêques d’Amiens et de Coutances. Aux stalles étaient, dans leurs costumes pontificaux, les archevêques de Reims et de Rouen, avec les évêques de Troyes, d’Autun et de Chartres, l’archiprêtre de Sainte-Geneviève de Paris, les abbés de Saint-Germain-des-Prés, de Citeaux, de Chaulny et d’Arvel-en-Grâce. L’abbé du monastère de Saint-Michel, vingt-sixième depuis la fondation, trônait entre ses deux prieurs à droite de l’autel.

Derrière les prélats se rangeait l’armée noire des prêtres et des moines.

Les orgues à trois jeux, présent du roi Louis qui ne savait comment combler son archange favori, jouaient pour la première fois, jetant leurs notes fortes et profondes aux murailles qui tressaillaient à ces sons inconnus.

Les chevaliers de Saint-Michel étaient au centre de la nef, n’ayant droit d’entrer au chœur qu’après la grand’messe d ordination. Ils portaient le riche et beau costume que nous avons déjà décrit. Le roi se tenait en tête, coiffé du chaperon à cornette ; derrière lui les princes du sang, chevaliers, derrière les princes les hauts barons choisis pour concourir à la naissance de l’ordre. Les officiers drapés dans leurs longues robes de camelot de soie blanche, fourrée de menuvair, et coiffés du chaperon écarlate suivaient les chevaliers. Alentour se rangeait les archers de la garde écossaise et un triple cercle d’hommes d’armes. Le reste de la nef appartenait aux gentilshommes conviés, aux échevins d’Avranches, aux