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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/164

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était dans la position d’une fillette traînée à l’autel par contrainte. Le roi riait dans son rabat et se disait :

— Mon bel ami, tu boiras pourtant cette rasade !

Mont-Saint-Michel appela pour la seconde fois le nom de François de Bretagne.

Même silence de la part du récipiendaire et même immobilité.

— Mon amé cousin, dit le roi doucement, n’avez-vous point entendu ?

Point de réponse encore.

Le roi, qui donnait à son visage une expression de paternelle mansuétude, fit un soubresaut tout à coup violemment. Prélats, princes abbés, moines et chevaliers prêtèrent l’oreille. Un cliquetis de fer se faisait du côté de la porte principale.

— Alarme ! crièrent les archers de garde.

C’était comme le bruit d’une lutte à l’autre extrémité de la basilique.

Un chœur de voix mâles poussa ce cri :

— Bretagne-Malo ! Le riche duc est libre !

Puis les deux battants de la porte se fermèrent avec fracas.

Au dehors, quelques coups d’arquebuse retentirent.

Parmi l’agitation sourde qui régnait maintenant dans la nef, François de Bretagne, ou du moins l’homme qui portait son costume de chevalier, marcha vers le roi. Le roi était vert ses lèvres tremblaient.

— Qui es-tu ? demanda-t-il d’une voix altérée au milieu du silence soudainement rétabli.

L’homme dégagea sa main droite, perdue dans manteau doublé d’hermine, et un gantelet de fer vint tomber aux pieds du roi.

En même temps, l’homme releva son chaperon et découvrit le beau visage de l’écuyer Jeannin, calme et doux comme une tête de martyr.

— Louis de Valois, prononça-t-il lentement, le duc, mon seigneur, te défie !