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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/168

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Dame Josèphe ne put que montrer du doigt le bois de haute futaie.

— Jeannine ! Jeannine ! cria Aubry.

Il crut ouïr une plainte faible et lointaine. Il se précipita sous le couvert.

On l’attendit. Il ne revint pas. Mme Reine, cette nuit, souffrit plus encore que cette autre nuit où ses beaux cheveux blonds avaient blanchi sur sa tête entre le lever et le coucher du soleil. Elle regagna le manoir du Roz toute seule.

Jeannin ! où était Jeannin ? Jeannin avait promis à son maître mourant de veiller sur son fils.

Hélas ! Jeannin était couché sur une botte de paille humide, avec une grosse pierre pour oreiller, dans un des cachots souterrains du Mont Saint-Michel. Maître Tristan Lhermite lui avait fait promesse formelle de le pendre le lendemain matin. Jeannin dormait, car la journée pour lui avait été pleine de fatigues. Jeannin rêvait que le saint ermite du mont Dol, Enguerrand le Blanc, mariait sa fille chérie avec un chevalier !

Le cachot où l’on avait mis Jeanne était précisément ce cul-de-basse fosse qui avait servi autrefois de prison à Aubry de Kergariou le père, au temps de ses jeunes amours avec Reine. On avait remplacé le barreau scié par la lime que la Fée des Grèves avait apportée au péril de sa vie à son fiancé. Au travers du soupirail, un rayon de lune passait, éclairant la figure calme du bon écuyer.

Vers le matin, une ombre se fit comme si un nuage eût passé sur la lune.

— Jeannin ! Jeannin ! dit une voix contenue en dehors du soupirail.

Jeannin avait le sommeil dur.

— Jeannin, mon oncle éveille-toi !

Le bon écuyer ouvrit enfin les yeux.

— Qu’est cela ? demanda-t-il en se frottant les yeux puis il ajouta :

— Où suis-je ?