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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/175

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il la mettra dans la tombe après-demain, et ce sera le tour de Jeannine ! Pendant cela il soulèvera la tempête en mer autour de ses rochers, car il a tout pouvoir sur les éléments, et nulle puissance humaine ne pourra porter secours à ses victimes…

On frappa trois coups longuement espacés à la porte de la cour.

Chacun frémit dans la salle basse, car le soleil était couché. En Bretagne, la brume apporte toujours de vagues terreurs.

Il fallut l’ordre de Mme Reine, dont la voix triste s’éleva dans la chambre d’Aubry, pour que les valets du Roz songeassent à ouvrir.

Ils se rassemblèrent quatre pour aller à la porte. Quand ils eurent tiré la barre, un vieillard, vêtu d’une longue robe blanche et monté sur un âne entra dans la cour.

C’était celui-là que le chapelain dom Sidoine avait aperçu du haut du donjon. C’était Enguerrand le Blanc, l’ermite du mont Dol.

Les valets du Roz se prosternèrent, le saint ermite leur donna sa bénédiction.

Puis, sans descendre de sa monture, il s’approcha de la fenêtre de la chambre où Mme Reine pleurait et se lamentait. Il la fit ouvrir et dit du dehors :

— Fille du saint homme Hue de Maurever, qui fut l’envoyé de Dieu près du premier François de Bretagne, je viens à toi de la part de Dieu !

Mme Reine resta un instant immobile. Puis, pressentant quelque mortel malheur, elle se traîna jusqu’à la croisée et s’agenouilla devant l’appui.

— S’il n’est plus, murmura-t-elle, que la volonté de Dieu soit faite, et que j’aille le rejoindre bientôt !

— Relève-toi, Reine de Maurever ! ordonna l’ermite du mont Dol.

Reine obéit. L’espoir, tranchant comme une lame, lui traversa le cœur. Elle chancela, et dom Sidoine fut obligé de la soutenir dans ses bras.

Au dehors, les serviteurs du Roz, rangés à une distance