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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/186

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tous les yeux suivirent son geste. Une épaisse colonne de fumée passait par-dessus les maisons dans la direction de la place Sainte-Anne.

Des voix en détresse disaient au loin :

— Au feu ! au feu !

La cloche de Saint-Aubin se mit à sonner le tocsin.

Le grand sénéchal agita son bâton. L’exécuteur, plus pâle qu’un mort, revint vers Otto Béringhem. Le glaive tournoya de nouveau et rebondit une seconde fois comme s’il eût touché un roc.

Otto étendit la main vers l’ouest et répéta le mot qui faisait sa force terrible.

— Du bas des lices, des voix plaintives crièrent : Au feu ! au feu !

Une colonne de fumée monta sur les toits des hôtels nobles qui bordaient la rue Nantaise, et le son haletant du tocsin tomba du clocher de Saint-Étienne.

— Frappe ! commanda le sénéchal, qui se mit debout sur son estrade.

Comme le bourreau hésitait, tremblant, le sénéchal répéta :

– Frappe, sous peine de la vie !

Le glaive porta un troisième coup. Le côté nord de la ville fuma. Le tocsin de la cathédrale répondit au tocsin de Saint-Aubin et de Saint-Étienne.

Au quatrième coup, de grands nuages de fumée couvrirent la partie orientale de la ville ; les églises de Saint-Germain, de Saint-Sauveur et de Toussaint mirent en branle leurs bourdons.

Le tocsin sonnait partout. La fumée rougissait aux quatre coins du ciel, rabattant sur la foule l’odeur brûlante et sinistre de l’incendie.

Otto était toujours debout au centre de la cohue affolée. Sa tête se dressait toujours haute et railleuse. Les moines de la Merci cessèrent de chanter. Le bourreau jeta son glaive…

En ce moment parut au centre de la place, et sans que personne eût pu dire comment il avait percé les rangs serrés