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Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/49

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dant le doigt vers la plaine ; vois ! ils sont déjà dans le brouillard ?

Ils étaient à la porte de la ville et non loin de l’auberge où Jeannin avait mis son cheval, Jeannin était bien résolu à donner la chasse à son élève. En cas de danger, il voulait à tout le moins en prendre sa part. Mais le nain commanda d’autorité à déjeuner pour un gentilhomme et un soldat.

— Tu n’iras point, ce matin, courir la prétentaine, mon oncle, dit-il pendant que Jeannin sellait son cheval ; c’est moi qui te taillerai ta besogne… À table ! À table !

Jeannin voulut résister, mais Fier-à-Bras savait le mot magique sous lequel pliait la volonté du bon écuyer ; il prononça le nom de Jeannine. Jeannin se mit à table. Le nain but, mangea et parla comme quatre. Quand il eut achevé sa dernière rasade, il se mit sur ses petites jambes, qui flageolaient ni plus ni moins que celles d’un ivrogne de taille ordinaire, et s’écria :

— Eh bien ! mon oncle, que dis-tu de ma politique ?

— Je crois que tu es sorcier ou devin, petit homme ! répondit Jeannin tout pensif.

— Donc, reprit Fier-à-Bras, monte à cheval et va chez le duc. Voici Catiolle la mareyeuse qui passe avec son âne ; je vais me mettre dans un de ses paniers, elle me conduira chez le roi.